La peinture peut-elle être une voie vers le bonheur, au même titre que le travail philosophique ou spirituel ?
Pierre Auguste Renoir avait été qualifié de peintre du bonheur dans sa période post-impressionniste où son trait s’est fait de plus en plus doux, et durant laquelle il a intensifié sa palette de couleurs en travaillant des sujets de la vie courante représentant des moments de bonheur comme dans la célèbre « Leçon de piano » ou dans « Les grandes baigneuses ».
Le bonheur est aussi au centre de nombreuses œuvres de Marc Chagall : « Les coquelicots », « Les amoureux » ou « La joie familiale ». Le peintre n’a pas hésité à transcrire dans son œuvre ses sentiments
intimes et les aléas de sa vie. Sa peinture est en grande part un hymne à son amour pour son épouse Bella Rosenfeld.
Le bonheur ou simplement la joie n’est pas un thème si courant en peinture. Comment représenter ce sentiment de plénitude qui parait même un peu sirupeux depuis l’époque romantique ?
Notre tradition picturale occidentale, qui prend ses racines dans les représentations religieuses chrétiennes, est bien plus riche en référence aux martyrs, à la mort en passion du Christ, ou en images de rédemption des Saints. L’art occidental s’apparente davantage à un art de la représentation de la souffrance, de la mystique douloureuse ou de la représentation de l’agonie, plus qu’à une peinture de la joie et du bonheur…
Aussi, comment rendre d’un point de vue picturale cette plénitude, ce sentiment d’équilibre, cette sérénité qui rend chaque instant merveilleux, comment représenter le bonheur ?
Quelques artistes se sont essayés à ce trait du bonheur : Elisabeth Vigier Lebrun, Pierre-Auguste Renoir, Maurice Denis, Marc Chagall, Edmond Cross…
C’est dans cette tradition que s’inscrit l’œuvre de Luisa Fernanda Debarnot-Pineda. Née en Colombie, elle étudie la peinture et les beaux-arts à l'Universidad de los Andes avant de poursuivre une formation de restauration et conservation des peintures à l'Universidad Externado de Colombie.
C’est avec ce solide bagage technique qu’elle se lance en peinture au début des années 2000 dans son pays natal, la Colombie.
Naturellement elle puise son inspiration dans les légendes et les
personnages mythiques de sa terre natale. Divinités de la nature et jungle luxuriante sont présentes dans ses premières œuvres marquées par des couleurs denses et vives, ainsi que par un style formel caractéristique de l’Ecole de la « sécession viennoise ».
Son travail fait l’objet d’expositions à Bogota en Colombie, Managua au Nicaragua, Miami et Dallas aux Etats-Unis.
Peu à peu son style prend un tournant moins formel. La ligne se libère, les couleurs deviennent plus nombreuses, plus contrastées et lumineuses.
Sa recherche personnelle dans le yoga et l’apport spirituel de ses maitres yogi lui ouvrent un chemin de sérénité et de plénitude qui irrigue sa peinture.
L’artiste fait sienne la formule de Marc Chagall : « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. »
Et les couleurs apposées par touches contrastées, tout comme l’introduction de feuilles ou fleurs séchées dans ses toiles, sont également un lointain écho des tableaux de Klimt.
Les apports de fines feuilles de métal, or, argent, cuivre se réfèrent quant à eux aux icones orthodoxes.
Enfin la ligne déliée et les thèmes représentés entrent en vibration avec les couleurs pour offrir des toiles qui reflètent les sentiments intimes de son auteur : le trait du bonheur…
Cedric le Borgne
Gérant d’ARS ESSENTIA, Galerie d’Art, 9 place Ziem, Beaune, Bourgogne, France
Diplômé d’Etudes Supérieures de l’Ecole du Louvre
Exposition « Le trait du bonheur » de Luisa Fernanda DEBARNOT du 6 février au 10 mars 2020.
Galerie Ars Essentia, 9 place Felix Ziem 21200 Beaune.
Comments