Jean-Guy Lattraye est un sculpteur français formé à la villa Arson de Nice et titulaire d’une Licence des Beaux-Arts à la faculté San Carles de Valence (Espagne).
A travers ses sculptures sur les organes humains et leur mise en perspective avec des éléments mécaniques, moteurs, fils électr
iques, le sculpteur interroge notre rapport au corps et aux biotechnologies. Doit-on voir dans ces organes mélangés à des éléments mécaniques des visions d’horreur ou au contraire une mise en abyme des perspectives que nous offrent les nouvelles technologies permettant cet « homme augmenté » qui peut être cauchemar ou espérance selon la finalité qui lui est accordée.
Ces organes sont beaux et esthétiques. En les travaillant dans des matières nobles comme le marbre ou le bois de sabine, Jean-Guy Lattraye transcende ces représentations organiques en des œuvres à la fois attirantes et interpellantes voir ontologiques.
En regardant ce travail, on pense irrésistiblement aux écorchés d’Honoré Fragonard ou de Gunther Von Hagens, précurseurs de cette frontière ténue entre l’anatomie et l’œuvre d’art.
Dans ses séries sur les objets, Jean-Guy Lattraye nous pousse là encore à interroger notre perception du monde, ces objets de notre quotidien, tellement anodins que nous ne les envisageons pas autrement que par leur fonction, deviennent sous le maillet du sculpteur d’étonnants objets à la beauté étrange.
Les drapés du canisac ou du sac poubelle réalisés en albâtre et en marbre nous font presque oublier la trivialité de ces objets qui marquent la dernière étape d’utilisation de nos déchets ; et nous rappellent par la qualité du travail du sculpteur les drapés de la statuaire classique. Il y a du Canova dans la maitrise du geste.
Ces mégots de cigarettes en albâtre, calcaire et silex sont là aussi des résidus de nos consommations. Tous ces déchets que l’artiste regroupera dans un ensemble qu’il intitule : «Quand la fête est finie » illustration des reliefs d’une soirée festive ; mais aussi la fin de la « fête », de la consommation à laquelle nous allons nous confronter avec les désordres qu’engendre l’anthropocène.
Ainsi les œuvres de Jean-Guy Lattraye nous fascine par leur beauté, mais nous dérange aussi par les questions qu’elles posent sur notre société et sur nos vies .Il est évident que l’affirmation de Dostoïevski restera en nous après avoir vu ces œuvres : que « la beauté sauvera le monde » …
Cedric le Borgne
Gérant d’ARS ESSENTIA, Galerie d’Art, 9 place Ziem, Beaune, Bourgogne, France
Diplomé d’Etudes Supérieures de l’Ecole du Louvre
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